Les barrages
Pour répondre à ses deux missions principales que sont l’alimentation des populations en eau potable et l’irrigation des terres agricoles du Lauragais, l’Institution des Eaux de la Montagne Noire exploite deux retenues : le barrage des Cammazes sur le Sor et le barrage de La Galaube sur l’Alzeau. Grâce à ses deux ouvrages, sa capacité de stockage de l’eau brute s’élève à 26,6 Mm3.
Un barrage, à quoi ça sert ?
Un barrage est un ouvrage transversal à un cours d’eau : il retient l’eau. Il se distingue d’une digue qui est un ouvrage longitudinal à un cours d’eau : elle canalise l’eau en l’empêchant de rejoindre un lieu. Il permet de constituer une réserve d’eau utilisée à des fins multiples (une des utilisations les plus connues est la production d’électricité).
Quel est le rôle des barrages de l’IEMN ?
Le rôle des barrages n’est pas de réguler le débit de la rivière toute l’année mais de pouvoir stocker de l’eau sur la période hivernale et la restituer sur la période estivale. Le barrage retient l'écoulement naturel de l'eau. De grandes quantités d'eau s'accumulent grâce aux apports naturels et forment un lac de retenue.
Avec leur capacité en retenue normale, les deux barrages de l’IEMN permettent notamment d’alimenter en eau potable 220 000 habitants, de fournir de l’eau d’irrigation aux agriculteurs, de soutenir les débits d’étiage et de transférer des volumes pour le Canal du Midi.
Le barrage des Cammazes
Le barrage des Cammazes sur le Sor a été construit sur les communes de Sorèze et des Cammazes (Tarn) et de Saissac (Aude) entre 1953 et 1956 suite à cinq années de travaux préparatoires. Le barrage a été mis en eau le 9 avril 1956 et déclaré d’utilité publique par le décret du 9 avril 1959. La retenue des Cammazes permet d’alimenter les usines de production d’eau potable de Picotalen, les réseaux d’irrigation sous pression de Revel et de Couffinal, les réseaux d’irrigation des ASA du Sor par réalimentation de ce cours d’eau.
Le barrage des Cammazes est un barrage voûte en béton, dénommé ainsi en raison de sa forme arquée caractéristique. Sa forme permet de reporter les efforts dus à la poussée de l’eau sur chaque côté des rives. Ce type de barrage est utilisé dans des vallées étroites disposant de versant très rigides afin de supporter le poids de l’eau.
- Capacité de 18,8 Mm3 (portée à 20 Mm3 en cas de crue) couvrant 90 ha
- Hauteur de la voûte : 70 m
- Longueur totale du barrage en crête : 308 m
- Superficie bassin versant : 30 km2
- Apports naturels moyens : 22,5 Mm3
- Cote de la retenue normale (RN) : 567.40 m NGF
- Cote des plus hautes eaux (PHE) : 569.70 m NGF
Le barrage de la Galaube
Dès le XVIIIème siècle, un barrage sur l’Alzeau avait été prévu pour s’intégrer dans le système hydraulique de la Montagne Noire afin de participer à l’alimentation du canal du Midi. Ce n’est que vers 1985, lorsque l’Institution a été confrontée à un grave problème de pénurie, que ce projet alors redevenu d’actualité, a été mis en étude pour être réalisé en 2000. Le décret du 24 juin 1998 reconnaît le barrage de la Galaube sur l’Alzeau d’intérêt général et d’utilité publique.
Avec ses 22,5 Mm3 d’apports moyens annuels, comparables à ceux du Sor, l’Alzeau constitue une ressource non négligeable. Il continuera à participer à l’alimentation du Canal du Midi plafonnée à 9 Millions m3. Il permet de porter la capacité de stockage de l’Institution de 18,8 à 26,6Mm3.
Cet ouvrage, dont la réserve peut être transférée dans la retenue des Cammazes via la Rigole de la Montagne, apporte la sécurisation recherchée 95 années sur 100. Il permet également de maintenir un débit réservé l’Alzeau garanti à 70 l/s.
Le barrage de La Galaube est un barrage poids en enrochements dont la propre masse suffit à résister à la pression exercée par l’eau. Situé sur les communes de Lacombe et d’Arfons, il a été construit en travers de la rivière avec des pentes de talus assez douces pour assurer la stabilité.
- Capacité de 7,8 Mm3 couvrant 65 ha
- Hauteur du barrage : 33 m
- Longueur en crête : 400 m
- Superficie bassin versant : 21,5 km2
- Apports naturels moyens : 21,5 Mm3
- Cote de la retenue normale (RN ) : 720.5 m NGF (721.76 m NGF - crue décamillénale)
- Cote des plus hautes eaux (PHE) : 722.39 m NGF
Un contrôle permanent
Les deux barrages de l’IEMN font l’objet de mesures de contrôle extrêmement strictes en conformité avec les règlements en vigueur. Ces mesures comprennent, en plus d’une surveillance visuelle périodique, l’auscultation permanente des ouvrages au moyen de différents dispositifs de mesure.
Une visite technique approfondie de l’ouvrage est organisée annuellement. Ce rendez-vous est l’occasion de faire le bilan annuel des contrôles et de vérifier en présence d’experts l’état global de l’ouvrage. Elle est suivie d’une visite d’inspection annuelle, organisée par les services de l’État en charge du contrôle des barrages, au cours de laquelle sont présentées les données d’auscultation de l’année écoulée. Un bureau d’études expert assiste l’IEMN dans l’interprétation de l’auscultation.
Tous les 10 ans, une étude de danger de l’ouvrage permet de faire un bilan du niveau de sécurité des barrages. Celle-ci inclut une revue de sûreté qui permet d’inspecter les parties immergées non accessibles en temps normal.
Derniers contrôles :
- Cammazes
- Galaube
Situées sur une avancée sud-ouest de la Montagne Noire, sur la commune de Sorèze dans le Tarn, les usines de traitement de l’eau potable sont érigées à 500 m d'altitude afin que les zones desservies, proches ou éloignées, ainsi que les points les plus élevés de l'aire desservie puissent être alimentés de façon gravitaire.
Depuis le 1er août 1959, l’IEMN exploite sa première usine de traitement d’eau potable.
1959 (mise en service, 1ère tranche), 1966 (2ème tranche), 1997 (modernisation, capacité portée à 900 m3/h, reminéralisation), 2009 (modernisation, capacité portée à 1 100m3/h).
- Capacité de production : 1 100 m3/h.
1973 (mise en service, 1ère tranche) et 1982 (dernière tranche), modernisée en 2005.
- Capacité de production : 1 200 m3/h (deux tranches de 600 m3/h)
Mise en service en 2012.
- Capacité de production : 860 m3/h pendant 24h, soit 19 200 m3/ jour (avec une extension à 1 200 m3/h).
En moyenne, ces trois usines produisent 12,7 Mm3 d’eau potable destinés aux communes et syndicats en charge de la distribuer aux consommateurs finaux.
L’usine de traitement des terres de décantation
En 1995, l’Institution a construit, sur le site de Picotalen, la première usine du sud-ouest de la France pour le traitement des boues hydroxydes issues de la potabilisation de l’eau. Elle a été rénovée et modifiée en 2016 pour améliorer la qualité des rejets au milieu naturel.
Les effluents, issus de la clarification de l'eau dans les chaînes de potabilisation, sont traités avant rejet et les terres de décantation extraites sont déshydratées et stabilisées par addition de chaux. Elles constituent un amendement calcique intéressant pour les sols acides des environs des usines.
Ces "terres de décantation" font l'objet d'un Plan d'épandage déclaré en préfecture et les agriculteurs qui souhaitent les utiliser disposent d’un suivi agronomique pour un épandage à la fois efficace et sûr. Ainsi, ces boues participent à une agriculture raisonnée.
Les micro-centrales hydroélectriques
Les eaux en provenance du barrage des Cammazes destinées à l’eau potable sont utilisées pour produire de l’énergie électrique.
Quatre microcentrales assurent cette mission. Elles turbinent l'eau brute à destination des réseaux d'irrigation, des usines d'eau potable et du milieu, sans en modifier les propriétés physico-chimiques :
- Tirand (1976) et Verdeille (1982) : en pied de barrage des Cammazes
- Malamort (1984) : commune de Sorèze
- Montel (1982) : en amont du lac de Saint-Ferréol
Chaque année, l’IEMN produit en moyenne 4 580 000 kWh, soit la consommation annuelle d’environ 1 000 foyers.
L’adducteur Hers-Lauragais
Mis en service en 1992, l'Adducteur Hers Lauragais (AHL) permet de relier la retenue de Montbel (60 Mm3) située dans l'Ariège et alimentée par l'Hers Vif, à celle de Lestrade sur La Ganguise, située dans l’Aude, (44,6 Mm3), petit affluent de l'Hers Mort.
Long de 42 kilomètres, d'un diamètre variant de 1 200 mm à l'amont à 800 mm à l'aval, cet ouvrage a pour vocation de :
- transférer de l’eau de la retenue de Montbel vers celle de La Ganguise et l’Ouest audois (Castelnaudary et Bram),
- soulager la réserve des Cammazes des besoins du Canal du Midi qui peuvent être assurés à partir de la retenue de La Ganguise et ainsi limiter le risque de pénurie pour l’eau potable du système Cammazes en année de sécheresse.
Barrage de Montbel